La légende de Tchantchès
Le 25 août 760, à Liège, le quartier populaire du Djus d'la Mouse, sur la rive droite, était en effervescence. Au milieu de la rue, un enfant était né, miraculeusement éclos entre deux pavés. C'était un beau bébé, frais, joufflu, robuste. Il souriait aux badauds qui affluaient de toutes les ruelles et venelles environnantes.
Soudain, il se mit à clamer sa soif, non pas comme, plus tard, le Gargantua du bon Rabelais,en criant : « A boire ! », mais en entonnant à plein gosier , d'une de ces voix splendides fréquentes en Wallonie, un refrain populaire qui résonnait souvent entre les murs du Djus d'la Mouse, les soirs de liesse :
« Allons, la mère Gaspard, Encore un verre, encore un verre... ».
Et il promenait sur la foule un regard qui cherchait si la mère Gaspard ne sortirait pas.Elle se présenta sous les traits d'une brave grosse commère, qui cria :
- On ne va tout de même pas laisser cet enfant mourir de soif. Il faut qu'on lui donne à boire, surtout que s'il continue à chanter ainsi, il aura encore plus soif .Ce disant, elle courut chez elle et revint bientôt, tendant au gamin un plein verre d'eau. Le bébé repoussa la boisson avec une moue dégoutée. Un grand éclat de rire partit de la foule amusée de la mine déconfite de la femme.
Un homme s'avança et lui dit :
- Tu vois ! Tu ne veux jamais me croire quand je te dis que l'eau ne vaut rien ! C'est une boisson bonne pour les plantes et pour les bêtes, mais pas pour les hommes, ça na jamais rien valu. Ca donne du sang de poisson ! Ce gamin-là promet d'être un fameux homme. Je vais lui chercher, moi, une boisson qui lui convient !
Il revint et tendit un biscuit trempé dans du « pèquet » au bébé qui l'avala goulûment. Alors il lui servit une grande resade de genièvre que l'enfant engloutit comme si c'eut été du lait. L'homme était ravi.Le petit voulut se lever, mais il retomba, sa tête cognant durement contre le pavé. Une exclamation de pitié monta de la foule, mais lui, se relevant, partit d'un grand éclat de rire, et flatta d'un main compatissante le pavé qu'il avait touché.
L'homme qui l'avait abreuvé, cria C'est un Liégeois ! Il a une tête dure ! Ce sera un fameux homme... Ecoute, fit-il à sa femme, nous n'avons pas d'enfants. Adoptons celui-ci ! Nous l'appellerons Tchantchès (François).
La femme fut ravie et elle emporta aussitôt Tchantchès dans leur petite maison du Djus d'la Mouse.Son père adoptif se chargea de le nourrir. Il lui prodiguait force biberons de genièvre du plus pur grain. L'enfant renâclait sur cette nourriture trop abondante, mais jamais le père ne songea à diminuer la ration ; il s'imposait d'achever lui-même les biberons de son nourrisson.
A un tel régime, l'enfant poussa comme champignon en prairie. Le moment vint de le sevrer. Le brave homme eut la malencontreuse idée de lui donner un hareng saur : son pupille en contracta une soif inextinguible que seul le « pèquet » parvenait à apaiser.Mais l'enfant grandissait et se fortifiait. Sa mère constata bientôt que son nez croissait à une allure beaucoup plus rapide que les autres parties de son corps. Il était coloré, rubicond, avec les reflets pourpres et violets d'un ciel au crépuscule.
On eût dit qu'on avait greffé sur un visage d'enfant le nez d'un vieux Wallon adorateur du vin et de la cervoise. Et cet appendice haut en couleur le défigurait à tel point que son visage servit de modèle pour la fabrication des masques de carnaval.L'énormité du nez de Tchantchès était un fréquet sujet de disputes entre les parents adoptifs :- Tu vois, disait la mère à son mari, avec ta sutpide idée de faire avaler de pleins biberons de pèquet à cet enfant, voilà le resultat !
Cette énorme carotte qui le rendra ridicule toute sa vie, alors qu'il aurait pu être beau comme un Jésus. Le père rétorquait :
- Vous autres, les femmes, vous êtes de mauvaise foi et vous ne raisonnez pas. Si l'usage du pèquet faisait grandir les nez, le mien devrait être présentement comme un betterave ! D'ailleurs le sien ne pousse plus bien qu'il continue à boire du pèquet. Cette déformation est certainement due à une autre cause que nous ne connaissons pas. Il avait raison. Cette disgrâce physique était le résultat d'un accident survenu le jour du baptême.
La sage-femme qui le portait, une bonne femme grande et sèche, ne rechignait pas non plus à une bonne rasade de la liqueur de feu. Ce jour-là, elle avait elle-même donné à boire au poupon, et en prévision de la soif qu'il éprouverait du fait que le prêtre déposerait du sel sur sa langue, elle lui avait accordé double ration.L'enfant n'en avait bu que le quart, avait repoussé de ses menottes potelées le biberon qu'elle lui tenait, et, pour ne pas laisser le reste, elle l'avait avalé.
Prenant l'enfant dans ses bras, elle était partie, mais, en chemin, l'air étant assez vif, elle eut soudain l'impression que les maisons basculaient et que le pont de la Meuse chavirait dans le fleuve. Elle avait raidi sa marche, mais en vain : l'équilibre la fuyait.Au moment même où elle tendait l'enfant au-dessus des fonts baptismaux, ceux-ci semblaient reculer devant ses yeux voilés, et elle lui cogna malencontreusement le nez contre la pierre sacrée. Vu la dureté de sa tête, l'enfant n'avait pas poussé un cri, mais la croissance rapide de son organe avait sa source dans un traumatisme ignoré.
Frappé par cette infortune dès son baptême, il devait en connaître une plus grande encore. Atteint de rougeole alors qu'il était déjà bambin, il dut, pour se guérir, avaler de l'eau ferrugineuse. Sa mère en fabriqua en mettant macérer un morceau de fer à cheval dans de l'eau. Assoiffé, l'enfant avala le tout et le fer se cala si malencontreusement dans son gosier qu'on ne put le retirer.
Dès lors, il ne lui fut plus possible de tourner la tête que latéralement ; pour regarder le ciel, il devait se coucher sur le dos, et à plat ventre pour voir le sol. Avec l'âge, il se rendit compte de sa disgrâce. Il s'aperçut que, sur son passage, certains avaient une mine compatissante, d'autres étouffaient des rires, et il résolut de ne plus sortir. Puis il décida de braver la foule et les sarcasmes et il s'offrit à faire saint Macrawe, c'est-à-dire à être porté, tout barbouillé de suie, sur une chaise à porteurs escortée de tous les gamins du quartier.
Ce fut la veille de l'Assomption en 770. Il apprit ainsi que la laideur, accompagnée d'une bonté d'âme et d'esprit, sais se faire aimer. Il connut un grand triomphe et de ce jour fut sacré prince du Djus d'la Mouse et l'objet de la sympathie générale. Très souvent, il se promenait au bord du beau fleuve, musardant à écouter les hommes qui bavardaient en leur patois roman, hérissé d'aspirations insolites. Un jour, il suivit deux personnages qui discutaient d'une façon animée :
- Tes résultats en latin son déplorables, disait le plus vieux à l'autre, qui n'était qu'un adolescent. On vit bien sans latin, répondait l'autre. Si je suis faible dans cette langue, j'ai des muscles forts. Je ne veux pas être clerc, mais soldat !
Tchantchès reconnut l'archevêque Turpin et Roland. Avec l'impertinence qui était coutumière à l'enfant à qui tout le monde pardonnait tout, eu égard à sa disgrâce physique et à ses malheurs, il s'avança vers les deux interlocuteurs et prononça cette parole profonde mais un peu surprenante :
- Oui, seigneur chevalier Roland, le latin ne sert à rien du tout, mais c'est utile quand même !
Interloqué, Roland demanda :
- Quel est ce manant ?
- Tchantchès, répondit fièrement notre héros, prince du Djus d'la Mouse, pour vous servir, seigneur chevalier !
Turpin fut enchanté de l'assurance de ce gamin, le regarda avec complaisance :
- Tchantchès, dit-il, tu me plais ! Je vais te présenter céans à notre grand empereur Charlemagne. Dorénavant, tu serviras de compagnon à son neveu Roland.
C'est ainsi que le gamin des quais de Meuse fut introduit à la cour de Charlemagne où il amusait tout le monde par ses drôleries et ses réparties vives, toutes saturées du sel gaulois qui saupoudre encore aujourd'hui les propos des marchandes des quatre-saisons de la bonne ville de Liège.L'expédition d'Espagne fut décidée. Un grand débat s'engagea entre Charlemagne, l'archevêque Turpin et Roland : Emmènerait-on ou n'emmènerait-on pas Tchantchès ?
Turpin parla le premier :
- Nombreux sont les périls de la guerre ! Ce brave jeune homme ne sait manier ni la lance, ni l'épée, ni l'épieu. Nous ne pouvons l'exposer aux coups des Sarrazins. Nous aurions sa mort sur la conscience !
Charlemagne approuvait de la tête les paroles de l'archevêque. Il passa une ou deux fois la main dans sa grande barbe, puis répondit :
- Turpin a raison ! Nous ne pouvons prendre Tchantchès avec nous ! Pourtant il me manquera. Il n'a qu'à paraître quand je suis soucieux, et aussitôt, me soucis s'envolent comme fumée au vent ! On ne se bat pas continuellement, et je vous avoue qu'après avoir infligé une défaite aux Sarrazins, j'aimerais retrouver ce gai luron dans ma tente. Il serait capable de soutenir le moral de l'ost !
Roland, qui espérait que l'empereur passerait outre aux scrupules de Turpin, se leva et déclara :
- Sire empereur, vous le savez, aller à la guerre ne me fait pas peur ; je me réjouis même de faire mordre par Durandal la peau noire des ennemis. Mais de devoir quitter Tchantchès me fait deuil autant que de quitter Aude, ma fiancée ! Il réfléchit un instant et ajouta :
- Plus même, je crois ! Pensez donc ! Il y a si longtemps que nous vivons ensemble depuis le jour où je l'ai rencontré sur les bords de la Meuse au Djus de la Mouse ... Mais je comprends que l'archevêque craigne pour lui, d'autant que je connais Tchantchès : il est courageux et ne voudra pas se tenir coi à l'arrière de la bataille. Charlemagne interrompit Roland :
- Voilà la solution mes enfants ! Je vais faire venir Tchantchès et je lui demanderai ce qu'il veut faire. S'il veut nous accompagner, nous n'aurons pas le droit de l'en empêcher. Songez, archevêque Turpin que priver un Liégeois d'user de sa liberté, c'est risquer de le faire mourir de langueur ; et s'il en est ainsi, nous aurions aussi sa mort sur la conscience. Mais s'il souhaite nous accompagner, je lui donnerai l'ordre de rester à l'arrière tant que la bataille ne sera pas terminée.
Turpin éclata de rire :
- Vous oubliez que c'est un Liégeois et que si vous lui donnez un ordre, il fera tout le contraire !Voyons ce qu'il nous dira !Tchantchès, mandé, se présenta aussitôt :
- Sire empereur, vous m'avez huché, me voici !
- Tchantchès, dit Charlemagne, sais-tu que je vais faire la guerre aux Sarrazins en Espagne ?Tchantchès porta la main à sa tête en poussant une exclamation de douleur.
- Sire empereur, je ne voudrais pas être à leur place ! Tel que je vous connais, vous allez leur flanquer une de ces râclées ! J'ai déjà mal pour eux !
- Je l'espère, Tchantchès, mais il ne s'agit pas de cela pour l'instant ! Ecoute ! Nous ne pouvons pas t'emmener là-bas ; tu resteras ici, à Liège, où nous viendrons te retrouver une fois l'ennemi vaincu. Songe que tu n'es pas un guerrier ! Tchantchès se fâcha tout rouge. Son nez devint violet.
- Sire empereur, dites tout d'un coup que je suis un couard ! Qu'est-ce que vous voulez que je fasse à me manger les sangs ici pendant qu'on se battera là-bas ?
- Ne te fâche pas, Tchantchès, dit Turpin. L'empereur n'a pas voulu dire ça. Mais réfléchis ! Ne sachant pas manier les armes, tu risques de te faire transpercer d'un coup de sabre par les féroces Sarrazins.
- Et vous alors, monseigneur l'archevêque ! Ce n'est pas avec votre crosse et votre goupillon que vous porterez la déroute dans les rangs ennemis !
- Moi, c'est différent, rétorqua Turpin, je vais là pour porter les joies de la bénédiction aux soldats qui mourront dans la bataille.
- Et bien, moi, j'irai pour les faire rire un bon coup avant qu'ils ne meurent ! Quant aux Sarrazins, laissez-les venir. Il y en aura de surpris ! Vous vous battez avec des lances, des sabres, des épieux ; c'est tous des instruments pour se couper, tout ca ! « soukeu » du Djus d'la Mouse ! Demandez à Colas lambert qui s'est battu un jour avec moi !Charlemagne s'empressa de conclure :
- Puisque Tchantchès veut venir, il viendra !
- Je ne sais pas ce qu'il a en tête, mais ...
- Ce que j'ai dans la tête, sire, interrompit Tchantchès, vous ne le savez pas, mais les Sarrazins le sentiront ! Vous verrez ! Avec l'aide de Dieu et moi, vous vaindrez !L'ost se mit en route. Tchantchès était étonné que l'Espagne fût si loin. Puis il resta ébahi devant la hauteur des Pyrénées.
A la première rencontre des Sarrazins, il s'étonna que leur peau fût si noire. Il dit à Roland :
- A mon avis, ils ont tous fait saint Macrawe au Djus d'la Mouse et ils ont oublié de se frotter la figure. Et bien, je vais leur apprendre ce que c'est que les soukeux dc Liège ! Y sommes-nous ? Sire roland, prenez Durandal ! Et vous, sire empereur, avez-vous Joyeuse ? Mon Dieu, qu'ils sont laids !...
Tout en parlant, il s'équipait ; En guise de bouclier, il revêtit son sarrau bleu ; pour heaumle, il se coiffa de sa casquette de soie noire qu'il ajusta sur sa tête. Les trompettes sonnèrent, les gonfanons se gonflèrent au vent ; les barons et les chevaliers revêtirent leurs armures et enfourchèrent leurs destriers. L'ost s'ébranla.Tchantchès se plaça en tête, à côté de Roland. En le voyant, un moricaud qui semblait un chef, se mit à rire, et tout en hurlant des mots barbares, fit comprendre par gestes qu'il allait lui couper le nez d'un coum de cimeterre.
Roland trembla pour son ami, mais il était trop occupé lui-même par les quatre Sarrazins qui fonçaient vers lui pour venir à la rescousse. Tout en frappant de grands coups de Durandal, il lorgnait avec angoisse du côté de Tchantchès.Le Maure fonçait sur Tchantchès qui, arrêté, cracha dans ses mains, regarda son adversaire lever le bras et lancer son coup de cimeterre. Lus rapide que la lame, Tchantchès s'était baissé. Toute la souplesse qu'il n'avait plus dans le cou, il l'avait dans les reins, tant il avait dû souvent les ployer pour regarder le ciel ou le sol. La lame faucha dans le vide. Tchanthès aussitôt redressé, saisit son adversaire aux épaules, et d'un coup de tête dans l'estomac l'envoya dans l'autre monde, puis, se retournant il défonça le sternum du Sarrazin que Roland avait désarçonné. ils furent entourés par une multitude d'ennemis.
Devait-il à son nez bénir de rester invulnérable au milieu de la mêlée ? Toujours est-il qu'il ne cessait de cracher dans ses mais, d'agripper l'ennemi aux épaules et de le cosser. Les coups de tête se succédaient à une cadence rapide. Ni cuirasse, ni cotte de maille, ni haubert ne résistaient à ce terrible bélier ; chaque Sarrazin touché était un Sarrazin mort. Bientôt le champ de bataille en fut couvert et le reste de l'armée ennemie prit la fuite. Roland et Tchantchès revinrent vers Charlemagne et Turpin, qui les accueillirent avec transport.
- Tchantchès, dit l'empereur, je t'ai regardé. Tu as été admirable, tu t'es battu comme un lion !
- Sire empereur, vous vous trompez, c'est comme un bélier ! Il était temps que ça finisse. J'avais la langue si sèche que je ne savais plus cracher dans mes mains ! Il y en a deux que j'ai lâchés et qui m'ont échappé. Je n'irai jamais plus à la bataille sans pèquet !
Turpin éclata de rire, mais tout de suite, il demanda :
- Tchantchès, tu n'est pas blessé ?
- Non, sire archev êque. A peine une toute petite migraine !
De ce jour-là, Tchantchès fut compté parmi les meilleurs soldats de l'empereur et du Christ.Il en vint au plus haut degré d'intimité avec Charlemagne. Il ne se gênait pas pour entrer dans sa tente sans se faire annoncer et la légende rpporte même qu'un jour, était entré ainsi au moment où l'empereur prenait un repas de gala, celui-ci lui dit : « Que veux-tu, Tchantchès, Laisse-moi manger mes moules ! »
Vint la fameuse affaire de Roncevaux. Roland, encore sous le coup de sa discussion avec Olivier, frappait des coups formidables autour de lui. Tchantchès faisait rage. Il avait déjà dû prendre deux bonne lampées de pèquet pour retrouver un peu de salive et expédier trois cent mille Sarrazins dans l''autre monde. Les autres fuyaient l'e'droit de la bataille où il se trouvait. N'ayant plus rien à faire, il commençait à s'ennuyer, et il bâilla bruyamment. Roland lui dit :
- Tchantchès, tu t'ennuies. Ne bâille pas ou tu vas me faire bâiller, moi aussi. Retourne, va te coucher ! Je ferai bien sans toi, je vais voir un peu ce qui se passe là-bas à l'aile gauche.
Tchantchès obéit. Quelques instants après, il ronflait. Depuis combien de temps dormait-il lorsqu'il entendit retentir la lugubre note du cor ? Il eut l'intuition d'un désastre. D'un bond, il fut sur pieds et trouva Charlemagne devant le cadavre de son preux compagnon. Sa tristesse fut immense. Selon la coutune de l'époque, il enleva sa casquette et s'arracha des poignées de cheveux, puis, reprenant ses esprits, il prononça cette courte oraison funèbre :
- Sire empereur, dit-il, votre neveu Roland a reçu sa « daye », mais nous le revengerons !
Ainsi fut fait. Il accompagna Charlemagne au siège de Sarragosse et ce fut lui qui, le tout premier, franchit les murailles de la ville. De retour à Aix-la-Chapelle avec toute la cour, il assista au châtiment du traître Ganelon. Le félon devait être écartelé, mais Tchantchès s'y opossa.
Il voulut que l'infidèle fut noyer dans une cuve d'eau distillée, car souvent à Liège, il avait entendu chanter :Lâche, va-t'en, je te renie.A toi l'opprobre et le mépris !Et il avait toujours compris « l'eau propre » et le mépris. Malgré les insistance de l'empereur, il voulut revenir dans sa bonne ville de Liège. Mais il resta toujours inconsolable d'avoir dormi à la bataille de Roncevaux.Il s'éteignit à l'âge de quarante ans, après une franche ripaille, échappant ainsi à la vieillesse.Il fut enterré où s'élève aujourd'hui son monument, place de l'Yser.
Rien n'a pu le terrasser : ni l'amour (il resta célibataire), ni la vieillesse (il s'éteignit à l'âge de 40 ans), le prototype du vrais Liégeois, mauvaise tête, esprit frondeur, grand gosier, ennemi du faste et des cérémonies, farouchement indépendant, mais c½ur d'or, et prompt à s'enflammer pour toutes les nobles causes.
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